Tuegin’ avec Tuego #detroit #mixtape

Tuegin' in the D

La sélection en MP3

Detroit rap city

 

Tuego creuse, entend et écoute. Il cherche, découvre et met à jour. En slang dans le texte. Beaucoup, souvent, tout le temps.

Membre du conseil d’administration du label Fusils à Pompe, il tombe récemment sur la scène rap de Detroit, se spécialise en quelques 250 albums ingurgités, et sélectionne 22 titres à faire partager.

Tuego nous en dit un peu plus sur cette passion dévorante, son mode d’investigation et le rap game moderne.

 

Tu es derrière la sélection de la compilation Tuegin’ in the D ; comment tu as découvert cette scène ?

La première fois que j’ai entendu ce son de Detroit c’était sur We Run The City vol. 4 des Doughboyz Cashout – février 2014 – mais j’ai pas creusé plus que ça. L’année dernière il y a eu Stack Season de Payroll Giovanni – membre des Doughboyz Cashout –. Classique instantané. Je suis devenu dingue en écoutant ça. Mais je n’avais pas encore pris conscience de l’ampleur de la scène.

Ensuite, sur un forum consacré à la scène rap de la Bay je suis tombé sur le post d’un mec qui avait foutu une capture d’écran de tous les albums de Detroit qu’il avait. Je me suis dit : « Waow, en fait il y a de la matière. » Mais c’est resté dormant.

Il y a aussi eu Clarity 4, I Can’t Fall Off de Icewear Vezzo que j’ai trouvé génial. À partir de là, et sans me poser de questions, j’ai cherché tous les albums que le mec avait posté sur le forum. Et découvert d’autres forums, forcément.

Donc j’ai pris un compte sur un store internet et j’ai streamé à mort. En n’oubliant pas de harceler les mecs sur Instagram pour savoir si leurs albums allaient un jour ou l’autre finir sur les plate formes digitales.

 

« Un beat de Détroit ça ressemble à une électrocution ! »


Et pourquoi cette scène t’a attiré particulièrement ?

Ce qui m’a attiré c’est :

– Le fait que ce soit de la musique de thugs.
– Les beats complètements hallucinants. La basse qui ressemble au truc qu’ils utilisent pour faire des trous dans la chaussée, l’électricité quasiment tangible. Un beat de Détroit ça ressemble à une électrocution ! Tu sais tout de suite que ça vient de là-bas.
– Le fait que les mecs aient leur propre argot.
– Un niveau de thuggism vraiment très poussé. Ça rigole pas – je vois pas trop comment dire ça autrement –.

 

En quoi cette scène est différente de Chicago, NYC ou Atlanta ?

C’est assez difficile pour moi de répondre à cette question. Ça va être compliqué de faire une comparaison juste. New York c’est mort, à part Big Twin, KA, Roc Marciano et Griselda Records – qui ne sont même pas de NY –, donc la différence est vite vue.

Chicago je suis pas un grand fan. Mais pas loin de Detroit, donc il y a des collaborations intéressantes. Niveau musique je trouve que le son de Détroit est unique, contrairement à la drill qui reste assez proche du truc original trap music.

Atlanta, il y a trop de monde et qui fait exactement la même chose. J’ai pas la force de faire le tri.

Je trouve Détroit hyper dynamique et accessible sur internet, en MP3, etc. C’est un plus je trouve. À mon sens la scène ressemble à celle de Oakland – beaucoup de talent et rap pas hyper facile d’accès parce que assez violent –. Si je compare à Oakland c’est aussi parce que je n’ai pas beaucoup d’éléments de comparaison.

 

« J’ai envoyé une première sélection d’environ 120 morceaux (…) à Nico, Hector et Dam »

 

Tu peux nous en dire plus sur la sélection ?

Après avoir raclé les tréfonds d’internet, pris un compte Google Play et écouté tout ce que j’avais pu glaner, je suis arrivé au constat suivant :

– Musicalement c’est une scène de dingues – j’écoute quasiment que ça aujourd’hui –.
– Il y a un volume de musique immense.
– Un son qu’on trouve nulle part ailleurs.

 

–> MAIS POURQUOI PERSONNE N’EN PARLE ?
Telle est la question !

 

En toute humilité je me suis dit : « Et si je partageais mes découvertes ? Je suis peut-être pas le seul susceptible à pouvoir succomber aux charmes de cette musique. » J’ai soumis l’idée aux gars de Fusils à Pompe, ils étaient partants. Après, il a fallu bosser un peu.

J’ai envoyé une première sélection d’environ 120 morceaux de 2015 à Nico, Hector et Dam, parce que je suis absolument incapable de synthétiser. J’étais chaud pour faire un double CD au départ.

J’ai donné qu’une seule consigne : il faut que chacun des rappeurs présents dans la sélection finissent sur le tracklist final.

Mon but était de montrer aux gens que même si cette scène est totalement inconnue en France, elle est hyper vaste, et que si on est amateur de rap relativement thugged out, il y a moyen d’y trouver son compte.

Je continue de découvrir des nouveaux artistes tous les mois. Tout n’est pas extraordinaire bien entendu. Et le dernier qui m’a scotché c’est Baby Para, du très très lourd.

 

Detroit pourrait devenir un point névralgique du rap ?

Franchement aucune idée. Je pense que ça n’arrivera pas. Pour moi un bon exemple de ça c’est le cas Payroll Giovanni. Stack Season est un album extraordinaire. Big Bossin Vol.1, qui est sorti cette année, c’est Payroll mais pas de la musique de Détroit – il n’y a plus du tout l’atmosphère électrique « bossed up, throw it in your face, cocky motherfucker, au moindre de pas de travers tu te fais allumer ».

C’est plus un truc smoove, laid back, à écouter sous les palmiers. Pourtant c’est de loin l’album avec lequel il a rencontré le plus franc succès – tous les médias rap grand public l’ont repris illico presto –. Par contre pour Stack Season – qui est incomparable –, j’ai pas du tout souvenir d’un tel engouement.

Conclusion : Le grand public rap veut bien d’un rappeur de Detroit – Payroll quand même un des meilleurs et de loin –, mais quand il ne fait pas de la musique de Detroit. C’est honteux.

 

Tu penses qu’un Jay Dee, Gucci peut émerger de Detroit ?

Un nouveau Jay Dee, un Gucci, je ne sais pas. Ce qui est probable, c’est que les choses auraient sûrement pris une toute autre tournure si les deux rappeurs les plus influents n’étaient pas mort – Blade Icewood – ou en prison – STL Juan –.

Les Streetlordz, auxquels appartiennent Blade et Juan, et les Eastside Cheddah Boyz sont clairement les pères fondateurs de la scène actuelle.

 

Si tu dois retenir un artiste de Detroit, ce serait qui ?

Question très difficile. Il faut jeter une oreille au travail de GT, NBH Pillz et Allstar JR. Mais je dirai quand même Icewear Vezzo. Parce que c’est tout simplement le meilleur. Il suffit d’écouter des morceaux comme Respect, Money Phone ou Stepped on it. Des merveilles.

 

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TUEGIN' IN THE D _ TRACKLIST


La sélection en MP3
 + Les explications de @PureBakingSoda
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Damencio

 

Bonjour & Tuego

 

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