Synckop – l’expo, l’interview

Synckop © Audrey Wnent


Derrière Synckop se cache Sylvain, un illustrateur-graphiste parisien dont vous avez déjà dû voir le travail, notamment ses affiches de concerts (Isis, Scott Kelly, Melt Banana, Sparklehorse, Dirty Projectors etc.) ou encore ses illustrations pour le magazine Noise dont il a illustré la couverture du numéro de janvier / février 2010. En cette rentrée, l’excellente disquaire Souffle Continu à Paris organise une vente de 12 de ses tirages d’art, à partir du 06 septembre. L’occasion de faire une mini interview et d’en savoir plus sur le bonhomme.

Peux-tu nous faire un topo sur ton parcours d’illustrateur-graphiste ?
Je suis diplômé de l’école des Arts Graphiques et Arts du Livre Corvisart-Tolbiac à Paris, dans laquelle je suis resté pendant les 4 années nécessaires au cursus. Ensuite j’ai travaillé pendant 8 ans dans une agence de graphisme spécialisée dans l’industrie du disque. Nous étions en charge de concevoir les visuels de communication mis en place autour des sorties de disques d’artistes en France (flyers, stickers, affiches, CD’s, publicités etc.). C’est comme ça que j’ai pu travailler sur des sorties de Mastodon, Antipop Consortium, Queens Of The Stone Age, tout ça avec des labels comme Warp, Ninja Tunes, K7, Domino… la liste est longue en fait !
En parallèle de l’agence j’ai toujours continué à dessiner et travailler pour moi, bien sûr le soir… enfin la nuit pour être plus précis. J’ai toujours éprouvé le besoin de continuer à faire des choses dans mon coin, par plaisir, comme des recherches personnelles. Aujourd’hui cette agence n’existe plus, je bosse donc en freelance, toujours sur la com’ d’albums pour certains labels, distributeurs. Mais maintenant, mon travail d’illustrateur me prend bien plus de temps.

Tu travailles plusieurs médiums, toile, sérigraphie, peinture etc. Lequel est-on favori ?
Sans hésitation l’encre de chine et l’aquarelle. Pourquoi ? Car tu ne peux pas tout contrôler dans le résultat final. Selon le choix d’encre et de papier, le rendu peux être totalement différent, concluant ou au contraire sans intérêt. Et c’est exactement ce qui me plaît.

 

Dans ton processus créatif, hiérarchises-tu ces différentes techniques ?
Pas vraiment. Mes images ont a peu près toutes le même squelette, mais je ne les organise pas nécessairement dans le même ordre. Je peux par exemple partir d’un tracé à la main, ou vectoriel, puis je rajoute les matières, les encres, les images… En général je commence par le sujet principal de mon image, je pioche ensuite dans mes différents stocks d’images, de matières, d’encres, tout ce qui serait bien à associer suivant la commande.

D’où vient le coté organique de tes travaux ?
Certainement de l’encre de chine… Son utilisation et surtout le rendu qu’elle offre est très aléatoire, et une fois sur le papier tout est fixé. Quand je passe à l’ordinateur, je ne cherche pas a rectifier le tire ; les imperfections et les accrocs font partis du jeu. J’accorde une grande importance a préserver au maximum l’aspect brut de mes images lors du passage à l’ordinateur, si un de mes tracés fait à main levée n’est pas tout a fait droit, c’est pas grave je le garde. À l’opposé si je fais un visuel en vectoriel, je serai très minutieux.
Je garde toujours sur moi un grand carnet de croquis, pour pouvoir dessiner à tout moment, suivant ce que je vois et l’inspiration. Au bout d’un moment ces carnets sont comme une banque d’images que j’utilise constamment, soit brutes soit refaites au Rotring pour plus de finesse.

 

Comment travailles-tu le rendu texturé de tes travaux ?
J’accumule depuis par mal d’années toutes sortes de revues, feuilles de papiers, des bouts d’affiches que je récupère dans le métro. Le tout mixé à mon travail d’encre donne ce résultat particulier. Je ne crée aucune matière a l’ordinateur, en partant de rien, je trouve que ça n’a aucun charme. Je préfère donner une seconde vie a une image.

Comment se fait-il que beaucoup de tes travaux soit si connectés à la musique ?
Après 9 ans à travailler dans la musique, c’est pour moi quelque chose de naturel, qui me colle a la peau. Hormis cela, j’apprécierais de pouvoir travailler dans d’autres secteurs, comme le sport, le cinéma, le culturel, faire des packagings… Mais bon, chaque chose en son temps.

 

Tu sembles aussi avoir une attirance pour la musique à guitare…
Oui, c’est clair. De la noise, du post-rock, du grind mais aussi des choses plus electro… Avec le temps j’écoute de plus en plus de musiques différentes, sans me soucier des genres. Et lorsque je travaille, c’est toujours en musique, sinon c’est pas possible.

Existe-t-il une scène « affiche de concert » en France aussi forte qu’elle peut l’être aux US ?
Elle existe bien oui, mais c’est pas comparable a ce qu’il ce passe au US. Là-bas, cette culture est bien plus installée, les tournées sont organisées de telle manière que pour chaque date, la création d’une affiche sérigraphie réalisée par un illustrateur du coin est financée. En France c’est différent, c’est chacun qui s’organise avec le plateau de la soirée, et niveau argent c’est à toi graphiste de mettre la main a la poche.

Comment en vient-on a développer un style particulier et reconnaissable comme le tient ?
Lorsque je réalise un flyer, je crée un univers, une ambiance, sans trop me préoccuper des clichés ou normes de telle ou tel style de musique. J’essaie d’avoir une approche différente, par mon travail typo notamment. J’utilise sans complexe une typo sobre avec ou sans empattement au lieu d’une typo trop connotée (du genre rock, gribouillée… les basiques des sites web en général), ça évite d’en faire trop et comme ça l’image est bien mise en avant, les informations sont bien lisibles aussi. Puis je crois avoir trouvé le bon équilibre entre le travail à la main et la création numérique. Je ne me sers pas de l’ordinateur pour trouver une idée, mais je sais qu’il m’offre d’innombrables possibilités dans la façon de faire mes images.

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Synckop met en vente 12 tirages d’art chez le disquaire Souffle Continu à Paris, à partir du 06 septembre 2010.
Souffle Continu :
Lundi au Samedi : 12h- 20h
20/22 rue gerbier – 75011 paris
Tel./fax 01 40 24 17 21
M° Voltaire ou Philippe Auguste

Synckop : www.synckop.com
Souffle Continu : www.soufflecontinu.com

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