Hamilton Harris, un kid de Kids

hamilton harris

20 ans plus tard…

 

Hamilton restera le gamin qui roule un blunt dans Kids de Larry Clark. Film explosif et générationnel, on y découvrait une jeunesse désœuvrée et nihiliste sur fond de skateboard, avec le New York des années 90 comme décorum.

Vingt ans ont passé et Larry Clark suscite toujours la polémique, pourtant son œuvre reste unique et pertinente. Certains acteurs du film ont eu des destins écourtés, emportés par une vie tourbillonnante qui ne fait pas de cadeaux, quant à Hamilton il s’est délocalisé à Amsterdam pour y cultiver un discours alambiqué et mystique. Tout en emportant dans ses bagages l’idée folle de faire un documentaire autour du fameux film.

Travail de longue haleine, le projet suit son cours, les producteurs lorgnent, Larry soutient, le crowdfunding en marche, les acteurs mobilisés, tout le monde semble mettre la main à la pâte. En quelques lignes, le condensé d’une conversation avec Hamilton, un retour sur le film et l’expérience.

 

* Quand as-tu rencontré Larry Clark, et quelles ont été tes impressions ?

J’ai rencontré Larry en 1991, à Washington square. Rencontrer Larry, c’est viscéral, il a beaucoup de présence, il a fait partie du groupe quasiment instantanément. Son arrivée était intrusive, oui, mais à sa manière.

 

* Quels ont été les prémices de Kids ?

Harmony [Korine, le scénariste – ndlr] en parlait tout le temps. On a skaté ensemble à partir du moment où il est venu vivre à New York pour étudier le cinéma. Il voulait faire des films. Là, on parle des années 90. Puis Larry est entré dans la boucle, nous on ne connaissait pas Teenage Lust ou Tulsa machin, et on n’avait pas besoin de connaître tout ça à l’époque.

Quand j’ai vu le travail de Larry, ça a été un putain de choc. Il a une expérience de vie incroyable et il la partage, tout en restant très humble par rapport à ça. C’est impressionnant car il est toujours là où il faut être, à Paris aujourd’hui d’ailleurs !

Concernant Kids, Harmony en parlait, Larry était inspiré par ce groupe à ce moment particulier. Il a donc adapté son travail à une ambiance, et ils ont crée tous les deux cette… chose. Ils ont commencé à parler du film trois ans avant le tournage, et tout s’est déroulé très naturellement, simplement.

Larry a capturé tout ça, avec son œil, il a fait partie de l’expérience. Et si en arrivant il n’avait aucun lien avec nous, et avec le skate, ça a été magnétique, et énigmatique, et tous les gens qui ont contribué à Kids ont un tel sentiment. Même si on a tous une interprétation personnelle de ce qui a pu se passer. C’est spirituel.

 

* Harmony Korine, il faisait parti du groupe que l’on retrouve dans le film ?

Oui, et non. On était tellement nombreux à traîner ensemble, ça allait et venait, un peu comme sur un terrain de basket, on se croisait. C’était le skate à New York dans les années 90, une bad era, c’était physique, on vivait complètement la ville.

Ça correspond à une époque précise, c’est le moment où Larry et Ari [Marcopoulos – ndlr] faisaient des photos de tous les skateurs, quand le magasin Supreme a ouvert… il y avait une dynamique importante autour du skate. Et New York a ce truc qui mixe les différentes cultures, les langues, les coutumes… une dynamique sociale particulière et une diversité psychologique font que la ville en est d’autant plus intense.

 

« Je crois que Larry est connecté à l’immortalité de la jeunesse »

 

* Qu’est-ce que tu veux montrer avec ce documentaire ?

Montrer une expérience, du mouvement, des émotions. Reprendre l’histoire au début, celle qui m’a emmené jusqu’à maintenant, et ici à Paris. Comme matériaux on a des séquences de skate inédites, des photos et tout un tas de trucs.

Larry nous a permis de venir chez lui pour que l’on se plonge dans ses cartons, c’est assez impressionnant de voir son appartement d’ailleurs, il y en a partout. On a peu de choses récentes finalement, quelques interviews faites en 2010, car ça fait un moment que je bosse sur ce projet.

Ce docu c’est surtout ma vérité, ma réalité, une expérience… I’m flowin’ man… C’est une histoire très personnelle, et en même temps je crois qu’elle est commune aux gens de notre génération, ils peuvent la comprendre, l’appréhender, pour ce qu’elle a été. Mais je ne veux pas en dire trop, car tout ça je veux en parler dans le film.

 

* Quand as-tu vu Larry pour la dernière fois ?

Hier soir ! On s’était vu l’année dernière, j’étais allé à New York, et sinon la fois d’avant c’était pour l’enterrement de Harold [Hunter – ndlr]. D’ailleurs hier, il y avait aussi Jonathan Velasquez  qui est l’acteur principal du film Wassup Rockers, Larry lui a fait faire la musique pour son nouveau film, The smell of us.

 

* Comment tu définirais Larry en tant que personne ?

Je crois que Larry est connecté à l’immortalité de la jeunesse, c’est son truc. Ça m’a pris du temps à le formuler, mais je ressens vraiment ça. C’est clair dans ma tête.

 

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