Drixxxé is not a DJ!!! part. 02, la mixtape expliquée par Cédric #archive #interview #200?

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De Cédric à Drixxxé en passant par Drixxxen

 

Drixxxé c’est le producteur musical de Triptik, de Mc Luvin et des mixtapes de mash-ups improbables ou dégoulinantes de libido. À une époque, aujourd’hui révolue, j’avais croisé Cédric dans un petit bar du 18ème arrondissement de Paris. C’était en 2004, il était jeune papa et venait de passer l’été à faire des mash-ups improbables. Vous noterez la Jordan du fiston autour du cou.

 

* Pour commencer, Drixxxé c’est qui ?

Je suis le concepteur-son du groupe Triptik que l’on a monté en 94/95. Avant ça, je jouais des claviers dans des groupes de funk au lycée. J’ai joué du piano quand j’étais jeune. Je n’ai pas fait le conservatoire, j’allais aux amitiés laïques le mercredi après-midi.
Quand j’ai rencontré Dabazz, on a commencé à faire un groupe mi-instrument, mi-rap, ça a vite saoulé tout le monde car c’était compliqué à mettre en place. Il faut des mecs motivés et il faut faire des répétitions, donc au bout d’un moment je me suis acheté un sampler, Triptik a commencé comme ça.

On a sorti six disques : L’ébauche en 98, un EP de neufs titres en 99, des maxis en 2000, dont les morceaux avec Blahzay Blahzay, grâce à la connexion avec Cut Killer. En 2001, on a fait Microphonorama, avec le titre Bouge Tes Cheveux qui a bien marché.

En 2002 on a sorti l’album  Fondation mixé par DJ Pone et on a sorti TR-303 l’année dernière. J’ai aussi sorti un album instrumental qui s’appelle Drixxxxen et qui regroupe une partie du travail que j’ai fait avec Triptik jusqu’à cette mixtape Drixxxé Is Not A DJ #2.

 

* Peux-tu nous présenter ce disque ?

Cette mixtape est composée uniquement de bootlegs. J’ai pris des instrumentaux de morceaux essentiellement funk et rock des années 70, et dessus j’ai greffé des acappellas de rap ou de soul. Les univers sont complètement différents, ça fait donc des associations assez spéciales comme Led Zeppelin et M.O.P.

Il y a pas mal de titres comme ça en ce moment, c’est dans la veine des 2 Many DJ’s. En même temps dans le rap prendre des instrus et de mettre des acappellas d’autres gens dessus, ça a toujours existé sauf que l’on appelle ça des remixes !

 

* Pourquoi une sélection qui mélange rap & rock ?

C’est finalement assez classique car dans les premiers morceaux de rap du rock était samplé, l’un des premiers maxis des Beastie Boys était justement sur un sample de Back In Black d’AC/DC, un instru que j’ai repris avec So Watcha Want pour le clin d’œil ! La fusion rock et rap s’est faite assez vite au début avec Aerosmith et Run DMC, Public Enemy et Anthrax, il y a eu le projet d’Ice-T, Body Count.

 

* Tu estimes être dans cette continuité ?

Je ne sais pas si c’est une continuité car ce n’est pas vraiment du sampling. Je le vois plus comme une confrontation des époques. Je n’ai pas repris d’échantillons, j’ai vraiment considérés les morceaux originaux, comme celui de Stevie Wonder, tels qu’ils étaient à l’époque, et j’ai mis Missy Elliott dessus par exemple… C’est Missy qui rappe sur une instru de 1973 ! J’ai voulu reproduire les morceaux, plutôt que de faire un mix dance-floor comme 2 Many DJ’s, qui reprennent des gimmicks et des titres 80’s.

 

* Tu revendiques ça comme une œuvre ?

Non, c’est une récréation, une RE-création ! J’ai fait ça pendant le mois d’août dernier. J’avais écouté certains bootlegs qui étaient vraiment bien comme le Nirvana/Destiny Child, qui est quasi miraculeux. Quand tu vois comme ça fonctionne, tu as l’impression que le morceau existe tel quel, à côté de ça il y en a qui sont pourris, ni accordés ni calés.

De fil en aiguille, j’en ai fait un, puis deux, ça m’a amusé et finalement je me suis mis à construire ça comme un album. Ce n’est pas vraiment une création de ma part, j’ai fait peu de choses à part assemblés des éléments. Le truc, c’est que sur tous les morceaux, il n’y en a que quatre qui sont instrumentaux à la base.

Il y a le Fred Weysley & The Jb’s, le Rock It et Chameleon d’Herbie Hancock et Herman Kelly, qui est le dernier. Ceux-là, je les ai reconstruits pour que ça corresponde à ce que je voulais mettre comme a-cappella. Par contre tous les autres n’existent pas en version instrumentale.

Superstition de Stevie Wonder ou Back In Black ont de grandes plages musicales donc plutôt facile à refaire, mais un morceau comme Whole Lotta Love de Led Zep n’existe pas du tout en version instru et Robert Plant chante quasiment tout le temps dessus, pareil pour Sly Stone !

 

copiés/collés pendant l’été

 

* Comment ça s’est passé alors ?

Dans le morceau j’ai pris le plus de portions possibles où il n’y avait pas de chant, et après j’ai essayé de reconstruire les séquences, avec tous les petits bouts que j’avais isolés en essayant de conserver la structure des refrains et des couplets. J’ai d’abord créé les versions instrumentales, et je me suis pris la tête. J’y ai parfois passé des dix heures non-stop ! Après, j’ai essayé de marier ce qui fonctionnait et il a fallu ré-éditer les acappellas par rapport aux instrus.

Parfois c’était facile, parfois ça ne marchait pas du tout ! Il y a eu des petits miracles comme le M.O.P/Led Zep, j’ai galéré pour virer Robert Plant et fait des cuts pour que ça colle avec le rap de M.O.P. Le tout uniquement avec des bouts du morceau original… C’était un peu dur, mais je suis content du résultat ! Pour le Sly Stone/In Deep, j’ai dû y passer trois jours, car le morceau original qui est Dance To The Medley – un medley de trois morceaux de Sly – j’ai dû réaliser un medley des a-capellas, avec des bouts de Jackson 5, Chic et 50 Cent et c’est devenu Last Night A Medley Save My Lif’e

Un autre bien difficile c’était Beyonce/Labbi Siffre, car ça ne collait pas, j’ai fait des cuts en allant chercher des voix de Pharrell et de Beyoncé sur d’autres titres pour faire des breaks pour homogénéiser le morceau. Il y a plusieurs passages que je ne pouvais pas isoler, car ça chantait tout le temps… En plus, à la fin il doit prendre 15 bpm, donc vraiment pas évident….

Je me suis tapé des sept/huit heures non-stop sur des morceaux, avec des deux heures sur cinq secondes, à rester en boucle et trouver le bon truc pour que ça passe. Il y a aussi des titres que j’ai quasiment repris syllabes par syllabes, parce qu’il y avait des problèmes de tempo !

 

* Tu as bossé avec beaucoup de matériel ?

Non, juste un ordinateur et Cubase.

 

* Quel est le titre dont tu es le plus satisfait ?

Pour moi les plus efficaces ce sont le M.O.P/Led Zep et Usher & Ludacris sur Rock It. A mon avis ils sont bons en soirée !

 

* Tu crois que ça plairait aux artistes originaux ?

J’espère que s’ils ont l’occasion d’écouter ça leur plaira ! C’est plus un hommage sincère que du sampling que je reprends à mon compte. Je rends hommage à des artistes que j’apprécie et je leur fait faire un featuring virtuel comme j’en aurais rêvé ! Ça aurait été chouette que M.O.P fasse un morceau avec Led Zep !

 

* Pour conclure, tu n’es donc vraiment pas DJ ?

Non, mais j’ai souvent été cité en tant que DJ Drixxxé de Triptik, et le plus gros paradoxe c’est que depuis que ce CD est sorti, on me propose des soirées, je vais devenir la plus grosse escroquerie de l’année !

 

Drixxxé is not a DJ!!! – part. 02 en téléchargement

Dabaaz, deuxième tiers de Triptik interviewé ici