DJ MEHDI & CO #archive

La musique du flim

 

Avril 2005, Kourtrajmé et DJ Mehdi s’associent pour « Des friandises pour ta bouche », un combo CD/DVD mêlant pèle-mêle les voix des rappeurs B.I.G ou Jay-Z, les surprises de Paris, les saveurs de l’Afrique, le graffiti et des soupçons grossiers de breakdance.

La réunion entre les enfants bâtards du cinéma français et le metteur en son Mehdi accouche d’un ovni jubilatoire, toujours au goût du jour. Retour sur cette rencontre pour un échange de logorrhées brèves avec feu DJ Mehdi ; et une intro en mode question avec Romain Gavras, le fils de Costa.

 

*Quelle est la genèse de ce projet ?

Romain Gavras : Mehdi est venu me voir avec la musique et il voulait des images. Il y a des trucs qu’on a pu voir sur le site et qui n’était pas disponible en DVD. On a remis des bonus comme le clip de La Mafia K’1 Fry, pour ceux qui n’avait pas notre précédent DVD.

Il y a le projet central qui est Megalopolis, avec la musique de DJ Mehdi. On emprunte un chemin qui s’échappe des clips et autres films qui essayent d’associer – au premier degré – la culture hip-hop au cinéma.

 

*Au niveau de la collaboration musicale, cela s’est fait comment ?

DJ Mehdi : J’essaye d’avancer et de progresser. La rencontre avec Kourtrajmé s’est faite naturellement. La principale différence avec mes précédents travaux réalisés avec Idéal J, 113, mon label Espionnage ou La Mafia K’1 Fry par exemples, c’est que j’avais à l’idée d’être le plus proche possible de la musique que j’avais dans la tête et qui sortait de chez moi, sans avoir à passer par les prismes de l’ambition commerciale, artistique, acoustique, etc.

Je voulais que cela me ressemble, dans le son, le plus possible. Pas seulement avoir un style rythmique ou harmonique, mais aussi d’avoir un son. Donc, au niveau de la production, c’est la seule vraie différence. Je produis aussi un morceau sur l’album de Booba : Ouest side.

 

« ‘Des Friandises’ est un projet en forme
de bande originale de film »

 

*On a l’impression que des morceaux ont été faits à la même période que (The Story of) Espion

DJ Mehdi : Effectivement, il y a des morceaux, comme le générique, qui ont été fait peu de temps après Story Of Espion, avant de rencontrer Kourtrajmé. L’intention musicale est venue avant l’intention cinématographique.

 

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*Mehdi, pourquoi as-tu bougé de Paris récemment ?

Dj Mehdi : Cela m’a permis d’élargir et d’affiner ma recherche musicale, d’aller dans d’autres pays, de rencontrer des gens. Et aussi de préciser la musique que j’ai envie de faire seul, pas en temps que producteur de 113 et autres. J’ai bougé également parce que j’étais fatigué… Dans la même année, j’ai fait l’album de Karlito, celui du 113 et mon album (The Story of) Espion. Je mixais également dans des soirées.

En 2001 et 2002, j’ai du dormir 40 fois chez moi. J’ai enregistré à New York, en Espagne, etc. J’ai bossé avec Keziah Jones, également pour des remixes, avec Matthieu Chedid et Asian Dub Foundation. Il y avait eu l’idée que je produise l’album de Keziah Jones. Finalement, il a utilisé la même équipe que moi. Et également le film Taxi 3 qui m’a pris du temps. J’étais crevé et un peu vidé de motivation et d’inspiration.

 

« Nous aimons détourner les codes touristiques »

 

*Qu’est ce qui t’a donné envie d’aller vers Kourtrajmé ?

DJ Mehdi : Ce qui m’intéressait, c’était de m’ancrer le plus possible de là d’où je viens, notamment quand je présente ma musique au reste du monde. Le rapport avec Paris et sa banlieue, j’ai eu envie de l’exprimer de plus en plus fort et de faire en sorte que ma musique ressemble à chez moi, à ce qui se passe à travers ma fenêtre, musicalement.

C’est assez évocateur, mais en même temps cela permet de laisser un peu pour l’imaginaire de l’auditeur et/ou du spectateur. C’était le cas sur (The Story of) Espion et cela sera le cas pour mes futurs projets solos. Le travail de Kourtrajmé a toujours été axé dans les mêmes types de codes. Pour Megalopolis, nous avons utilisé des codes touristiques comme la Tour Eiffel, le Métro, Les Champs-Élysées.

 

NB — Le disque est accompagné lors de sa sortie d’un DVD contenant un film de Romain Gavras du collectif Kourtrajmé et de nombreux bonus. — Trois titres de cet album ont été utilisés par le réalisateur Arnaud Desplechin comme parties intégrantes de son film Rois et Reine. —