Cosmic Néman & Étienne Jaumet, la conversation

Zombie Zombie - Cosmic Neman / Étienne Jaumet

Frères solaires

 

Néman et Étienne écoutent beaucoup de musique, de tous les styles, de tous les genres. Du jazz, free, fusion, avant-garde ; du rock, kraut, psyché, progressif, alternatif, anté, post, pré, futur ; mais aussi de la techno, minimale, trance, indus, gabber, idm.

Un beau jour, ils se sont rencontrés, ils ont sympathisé, le courant est passé, le terrain était propice. Néman a montré sa batterie, Étienne a exhibé ses claviers, et après un premier concert concluant, il a fallu trouvé un nom. Plus qu’une simple redondance, une étrange palilogie : ils seront Zombie Zombie.

 

* Après le disque consacré à John Carpenter, ça n’a pas été trop difficile de s’extraire de cet univers ? De se retrouver en tant que Zombie Zombie…

Cosmic Néman : Faire ce disque de Carpenter, c’était une manière de boucler la boucle, et d’aller au bout de cette passion pour la musique de films d’horreurs, et surtout celle de John Carpenter. Après ça, on s’est dit qu’on n’avait pas forcément plus à dire là-dessus, et envie de passer à autre chose. On a toujours aimé plein de choses très différentes, et pas seulement John Carpenter

Étienne Jaumet : Le problème n’était pas de se cadrer, c’était plutôt de se bousculer. On avait acquis des automatismes, il fallait trouver une autre façon de composer. Pour ça, il ne fallait pas avoir peur de faire des choses différentes, c’est ce qu’on a essayé de faire. On s’est interdit, un petit peu, de faire des mélodies qui rappelleraient trop celles de Carpenter ou des thématiques trop glauques, on avait un peu ces préceptes-là. Les choses sont venues naturellement, comme d’habitude, mais c’était pas si facile, effectivement…

CN : On travaille à l’instinct, ce n’est pas très réfléchi quand on fait de la musique. On joue ensemble, il y a des choses qui arrivent. Ce n’est pas non plus très cérébral en amont, on travaille avec l’improvisation. Les choses viennent aussi par hasard, au feeling, c’est comme ça qu’on fonctionne.

 

* Vous avez des rôles définis dans le groupe ?

CN : Le rôle que l’on se donne, c’est de trouver une alchimie quand on joue ensemble, et ça se passe plutôt comme ça qu’autrement. Il n’y en a pas vraiment un qui fait quelque chose de précis. Bien sûr, comme Étienne est derrière les claviers et que je suis à la batterie, c’est plutôt Étienne qui fait les mélodies et moi la rythmique. Les choses arrivent très souvent quand on commence à jouer, on essaie qu’il se passe quelque chose.

ÉJ : Si j’ai des idées de mélodies et de rythmes, elles évoluent quand Néman joue par-dessus, et on redirige en fonction de ce que l’on ressent. En fait, il n’y a pas beaucoup de calculs et d’automatismes dans l’écriture, si ce n’est que l’on ait du plaisir à jouer quand on répète.

CN : C’est très animal comme musique. On joue avec des instruments qui réagissent à ce que l’on fait, des vieux synthétiseurs et une batterie. Ce sont des choses qui te surprennent toujours quand tu joues avec, on ne pourrait pas faire ça avec des ordinateurs.

 

* Donc vous concoctez votre musique en live ?

ÉJ : Oui voilà, en jouant. Souvent on étire les morceaux très longuement, pour voir ce qui fonctionne le mieux, sur quelle partie on va se recentrer. Parfois on jouera le même morceau pendant une demie-heure parce qu’on se laisse porter par nos idées, on capte ce qui est bien, de le reproduire, donc oui, c’est plutôt live.

Sur l’album précédent, on a improvisé des morceaux pour l’enregistrement, donc on s’est dit « pof », on jammait et on enregistrait. C’était agréable de fonctionner ainsi, et en plus ce ne sont pas les morceaux les moins intéressants. C’est drôle, comme quoi les mystères de la création nous dépasse. C’est pas très réfléchit tout ça, ni maîtrisé.

 

* Il y a un moment où votre musique devient du Zombie Zombie ?

ÉJ : À quel moment un morceau est terminé ? Disons que c’est arrivé que l’on enregistre des morceaux en répèt’ et qu’on n’arrive pas à les reproduire à l’enregistrement final. On essaie de tenir compte de tous les facteurs qui nous entourent pour composer un morceau, et parfois on n’arrive pas à reproduire la magie, du coup, on laisse tomber. Les morceaux se construisent pas mal après l’enregistrement, on se rend compte de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas. Et en général, sur un moment faible, on ajoutera une ou deux pistes, ou des voix.

Parfois le morceaux fonctionne dès la première prise. 90% d’un morceau est enregistré à la première prise, en le réécoutant, on sait à quoi il va ressembler. Le mixage donnera la personnalité au morceau, c’est là qu’il apparaît. On se garde une sorte de droit de réserve, et de recul, c’est jamais vraiment fini. C’est quand on fait le mastering du disque que le morceau est fini…

CN : D’une manière générale, les morceaux sont trop longs à la prise, et c’est là où l’ingénieur du son et le mixeur interviennent. Pour ce disque, c’était Joakim, il nous disait « Là, c’est trop long. », et il va couper et restructurer le morceau. Même si on sait fondamentalement que le morceau est trop long et qu’il faut couper, Joakim nous donnera un autre point de vue, ce qui va rendre les morceaux plus efficaces. Il y a forcément des longueurs quand tu improvises.

Joakim a pas mal structuré les morceaux sur ce disque, il a eu le même rôle sur celui de Carpenter. C’est un peu un troisième membre du groupe : on se comprend très bien musicalement, il est musicien, ingé-son, il a une très bonne oreille, il s’y connaît musicalement. Pour le premier disque, on avait travaillé avec Antoine Gaillet, il savait nous dire « Là il faut s’arrêter. », c’est quand même bien d’avoir un autre regard, étant donné la façon que l’on a de travailler. Ce n’est pas comme faire une chanson pop, dans laquelle il y a un couplet et un refrain, nous ça reste plus vague…

ÉJ : Je ne dirai pas vague, je dirai plutôt ouvert, ouvert sur d’autres possibles…

CN : Pour nous, ce qui compte c’est l’énergie dans un morceau, c’est quelque chose que l’on ressent plus quand on nous voit en live. Si on sent qu’il s’est passé quelque chose pendant une prise, on se dit « Ça, on le garde, il y a les moments qu’il faut pour faire un bon morceau. ». C’est un truc que tu ressens quand tu enregistres, mais parfois tu te trompes aussi. C’est comme les concerts, tu as l’impression d’avoir fait un bon concert et va te dire que c’était pas top…

ÉJ : Mais parfois, c’est aussi l’inverse (sourire), tu as l’impression d’avoir mal joué, et tout le monde a adoré ! C’est très mystérieux !

 

Zombie Zombie - Cosmic Neman / Étienne Jaumet

* Un morceau, ça peut-être un edit de versions longues ?

CN : Pas tant que ça. Généralement on choisit une prise d’un morceau et sur 20 minutes, on en gardera 6. Une prise peut avoir des imperfections techniques, ce qui est souvent le cas avec nous, mais par contre il se passe un truc, c’est comme ça qu’on choisit.

ÉJ : Du coup, on intègre les imperfections techniques et ça ne pose plus de problèmes quand on les a mixées et intégrées au morceau.

CN : Souvent les imperfections, c’est aussi ce qui donne du charme à un disque, surtout dans ce genre de musique où les gens ont tendance à rendre les choses hyper froides…

ÉJ : Hyper maîtrisées…

CN : Tout recaler…

ÉJ : On ne sait pas trop maîtriser les choses en fait, et ça n’est pas vraiment nécessaire. Souvent, on laisse la place à l’erreur, elle apporte plus qu’elle ne détruit ou disperse l’attention, elle recentre. J’ai fait plusieurs erreurs de doigts sur le disque, j’adore ces moments-là, c’est comme une oasis, un truc un peu surprenant, c’est pas un problème au fond…

 

* Votre musique n’est pas perfectible…

ÉJ : On n’est pas dans la recherche de la perfection…

CN : Parfois la perfection, c’est quelque chose de très froid, ça manque d’émotions. Les choses parfaites, on les obtient avec une autre manière de travailler. Souvent les gens veulent que tout soit parfaitement calé et calibré, dans la musique électronique c’est souvent comme ça. Et pour faire ça, tu enregistres piste par piste, ensuite tu recales, bah, il n’y a plus de vie. Nous, on fonctionne comme un groupe de rock, on enregistre en direct, bon, il y a aussi des groupes de rock qui enregistrent piste par piste…

En fait, on enregistre comme il y a 30 ans. C’est plutôt ça la référence. Ils n’avaient pas le choix, on ne pouvait pas vraiment recaler, tu pouvais couper la bande une fois ou deux, mais pas plus. Maintenant avec les outils informatiques, tu peux faire tout et n’importe quoi…

ÉJ : La musique n’est pas meilleure aujourd’hui, il faut arrêter avec cette surenchère technique qui permet de gommer tout et beaucoup plus facilement les erreurs. Je pense notamment sur la voix, avec les auto-tunes, beaucoup utilisés sur les chanteurs et chanteuses pour qu’ils chantent justes. Je ne sais pas si on a l’impression que les gens chantent mieux aujourd’hui, je crois que c’est plus subtil que ça la musique, ce n’est pas une histoire de justesse…

CN : C’est comme tout, plus tu as du confort et moins tu fais l’effort de devenir meilleur parce que tu sais que tu peux tricher. Je pense même, si on devait faire une analyse, que le niveau des musiciens a baissé depuis 30 ans (sourire), ça me paraît assez évident même. Aujourd’hui plein de gens seraient incapables d’enregistrer comme il y a 30 ou 40 ans, parce que ça ne se fait plus et que les gens ne savent plus le faire…

ÉJ : Et on a peut-être aussi moins le temps… Avant on faisait des démos, on allait en studio enregistrer ces démos, et aujourd’hui, il y a moins d’argent. Un disque se construisait avec le temps, aujourd’hui il faut aller très vite et on n’a plus vraiment le confort de faire les choses à l’ancienne, mais bon…

 

* C’est technologique ? Économique ?

ÉJ : Oui, bien sûr, tout est lié complètement…

CN : Oui, ça conditionne une partie de la manière de faire de la musique. Plein de gens prouvent le contraire et fonctionnent comme à l’époque, et on en fait partie. Et c’est vrai qu’il y a ce genre de possibilités techniques et technologiques, les gens s’en servent et c’est normal. Il faut plutôt se forcer à ne pas s’en servir, à mon avis.

 

* Vous avez connu d’autres façons d’enregistrer ?

ÉJ : Oui, avec nos projets différents. Néman qui joue avec Herman Düne, ils ont eu l’occasion d’enregistrer des albums sur des bandes magnétiques, avec des vieilles consoles, dans des studios où tout le monde enregistre en même temps, ça change pas mal le résultat, le feeling, le son aussi évidemment. Moi, ça m’est arrivé avec Flóp, on avait enregistré sur un Tascam 16 pistes, dans un super studio, où on privilégie plus l’acoustique que la technique. Les conditions acoustiques étaient vraiment super, même si le magnéto n’avait que 16 pistes, ça ne nous a pas empêchés de faire plein de choses, d’expérimenter, c’était à l’époque de l’album Rechute, je me souviens même qu’il y avait un featuring Herman Düne

CN : On n’est pas nostalgiques de quoi que ce soit, surtout qu’aujourd’hui tu peux enregistrer des trucs avec des ordinateurs, dans des petits endroits qui sonnent super bien, voire mieux que des trucs enregistrés sur bande. On utilise l’ordinateur comme un outil d’enregistrement parce que c’est très performant, on n’utilise pas les effets qui sont dedans ni les instruments.

 

Zombie Zombie - Cosmic Neman / Étienne Jaumet

 

* Dans ce nouvel album, il y a un aspect transe, ethnique, qui est plus présent que dans les précédents, c’est en réaction avec la musique très formatée ? C’est pour communier plus intensément avec le public ?

CN : Je pense qu’il y a toujours eu cet aspect avec notre musique, on a voulu l’accentuer un peu plus, vu que l’on utilise plus de percussions, de rythmiques répétitives, pas dans le sens krautrock, mais des choses plus tribales. Donc on va plus vers ce genre de mots : transe ; ce sont des choses qui existent dans la techno, que l’on aime beaucoup.

Il y a plein de musiques avec lesquelles tu peux atteindre ce genre d’état. C’est quelque chose qui nous intéresse, et effectivement, c’est pas en réaction, mais… je trouve ça bien que l’on prenne son temps, et en général aujourd’hui, on est dans un monde où les gens prennent de moins en moins de temps pour faire les choses. Le format 3 minutes 30 / couplet / refrain, c’est quelque chose qui ne nous intéresse pas tant que ça, même si parfois on fait des reprises, comme là, on a repris Sun Ra. Quand on joue ce morceau, ça dure 6/7 minutes.

Si tu veux atteindre un état second, il faut prendre son temps, tu as besoin d’une sorte de préparation de ton oreille, c’est comme s’échauffer avant de faire du sport. Nous, on préfère justement amener les choses tout doucement, on retrouve ça dans la techno minimale, c’est pareil pendant 3 minutes, puis tu as un détail qui apparaît et ça fait un effet bœuf car il ne s’est rien passé avant, je trouve ça super excitant comme démarche.

 

* Pourquoi avoir repris Sun Ra, qui est un artiste atypique, parfois dissonant, et élitiste, dans le sens pas facile à écouter…

ÉJ : Non, non, on n’a pas choisi de reprendre ce morceau pour ces raisons-là, juste parce qu’on écoute Sun Ra depuis longtemps.

CN : Sun Ra parce qu’on écoute beaucoup de jazz, ça fait partie de notre culture. Sun Ra a une place à part dans l’histoire du jazz, il a des morceaux chantés, presque pop par moment, ce qui est assez rare dans le monde du jazz ou du free jazz. Il sortait ses disques lui-même, il a des morceaux qui sont abordables par rapport à des musiciens que l’on pourrait aimer comme Pharoah Sanders ou Ornette Coleman, qui sont quand même plus difficiles.

C’est pas évident, mais on n’est pas les premiers à l’avoir fait, Yo la tengo avait repris Nuclear war, un super tube et Mickey Moonlight a fait une reprise, un edit, sur Ed Banger de Interplanetary music. Sun Ra est quelqu’un qui est important pour plein de monde, que l’on retrouve aujourd’hui parce qu’il y a quelque chose dans sa musique d’exceptionnel, qui reste. Le morceau date de la fin des années 50 et je trouve qu’il n’a pas vieilli.

 

* Dans vos interviews, vous faites souvent références à la musique française des années 70, mais aussi au cinéma de Werner Herzog, vous aimeriez être les Popol Vuh d’un réalisateur ?

ÉJ : Ah ouais, ouais, si on trouve un bon metteur en scène…

CN : C’est génial ce qui s’est fait entre Werner Herzog et Popol Vuh, c’est quelque chose que l’on aime beaucoup, qui nous a marqués. Je pense qu’il y a des films où les BO sont importantes, ce n’est pas toujours le cas. Il y a quand même beaucoup de films où tu ne fais pas toujours attention à la musique. Vu que l’on fait de la musique instrumentale, c’est une musique qui suggère plus facilement des images.

Je trouve intéressant de parler de Werner Herzog, ça nous sort un peu de cet univers qui nous colle à la peau parce qu’on s’appelle Zombie Zombie, celui du cinéma d’horreur, qui n’est pas forcément ce qu’on recherche. On aimerait faire de la musique pour un film qui n’a rien à voir avec un film d’horreur, ce serait tout aussi intéressant.

 

* Et vous êtes nostalgiques de l’expérimentation dans la musique française des années 70 ?

ÉJ : On n’est pas nostalgiques, simplement il y a un état d’esprit qui nous a beaucoup touchés, et on a eu la chance de rencontrer tous ces gens-là : Gilbert Artman, Richard Pinhas, Emmanuelle Parrenin. Ce sont des gens avec qui ont a pu échanger. Du coup, on s’est rendu compte qu’ils avaient une approche semblable à la nôtre, une musique basée sur le plaisir, et non formatée.

C’était des gens très indépendants, qui ont pris les choses en main, ils ont commencé à faire de la musique à une époque où il n’y avait pas de labels, alors ils les ont créés. Ils ont distribué leurs disques, c’était une démarche exemplaire, et on devrait prendre exemple sur eux, parce que le marché s’écroule. Les artistes doivent se prendre en main pour exister, les labels sont toujours importants mais je crois qu’il n’y a pas grand chose à attendre des gros labels, qui ont une démarche très commerciale. Il va y avoir deux sortes de musique : une pour les passionnés et une pour l’entertainement, le spectacle…

CN : Je ne crois pas que ce soit de la nostalgie, c’est plutôt une volonté d’en parler, parce que finalement toute la musique française des années 70 est très peu connue. Quand on parle de notre musique, c’est toujours en référence à la musique anglo-saxonne comme Silver Apples ou la musique allemande, le krautrock : Can, Neu!

Des groupes qui sont super, mais par contre on oublie souvent qu’il s’est passé des choses en France, et je pense que l’on a plus envie de parler de ce qui s’est passé chez nous, comme Catherine Ribeiro avec Alpes, par exemple. On a toujours tendance à aller voir ailleurs, alors qu’il y a eu plein de choses ici qui restent underground et qui sont tout aussi intéressantes. C’est resté très confidentiel, c’est pour ça que lorsqu’on a l’occasion d’en parler, on le fait.

 

* Il est rare ce discours, on aime dire qu’en France on a un passé musical de merde ; en même temps, c’est rassurant de voir que des micro-labels courent après ces gens-là pour rééditer leurs disques…

ÉJ : Oui, exactement, c’est très récent…

CN : J’adore Gainsbourg, la variété française, et il n’y a que ça qui est resté. On a l’impression qu’il n’y a eu rien d’autres, que la chanson française, c’est Édith Piaf. J’ai été le premier à me tourner vers l’extérieur, à écouter de la musique anglaise et américaine et j’ai découvert très tardivement ce pan de la musique française. Si on en parle, les gens mettront peut être un peu moins de temps à découvrir tout ça. En fait, c’est pas si évident de savoir que ces disques ont existé.

 

* En même temps c’est souvent expérimental, difficile d’accès…

CN : Oui, certains disques de Richard Pinhas ne sont pas faciles, et il y a Pierre Henry qui est assez connu, il est sorti de la masse de ce genre musique, mais c’est pas évident, c’est certain.

 

* Ce serait quoi le moyen de réhabiliter cette musique ?

CN : On a commencé à le faire, Étienne par exemple a fait des concerts avec Richard Pinhas, il a participé au nouveau disque d’Emmanuelle Parrenin, qui avait fait un seul album, dans les années 70. On aimerait jouer avec Gilbert Artman de Lard Free. Ces gens-là continuent à se produire. Forcément, tout le monde n’en entend pas parler, mais l’idée c’est de montrer que ces gens sont toujours-là. Quand on a pu les rencontrer, on a joué de la musique avec eux, c’est comme si on avait grandi ensemble, on sent qu’on a les mêmes passions, les mêmes références, nous parce qu’on les a écoutés et eux je pense qu’ils sont contents que des jeunes s’intéressent à leur musique.

 

* C’est plus facile de collaborer avec des musiciens français avec qui on peut avoir un passé commun, que des étrangers qui auront une approche différente de la musique ?

ÉJ : Non, c’est la proximité qui rend les choses plus faciles. On a aussi fait des choses avec des gens qui habitaient à l’étranger, ça s’est très bien passé. J’ai simplement envie de défendre cette musique française qui est trop méconnue à mon goût et qui ne ressemble ni à l’anglaise ni à l’allemande ni à l’américaine, je pense qu’il est temps de la réhabiliter.

 

* Pour finir, votre communiqué de presse est très technique avec l’énumération du matériel utilisé pour faire chaque morceau, c’est intrigant…

CN : On a toujours essayé de créer un univers par rapport à chaque disque. Là, on avait aussi la volonté d’expliquer les choses, pourquoi on en était arrivé là…

ÉJ : Rendre lisible techniquement ce disque, donner des clefs aux gens…

CN : Ce n’est pas forcément évident, et je ne crois pas que l’on fasse de la musique élitiste, mais ça paraissait intéressant de donner des pistes, et peut être aussi de cadrer la manière d’aborder la musique et les morceaux, voilà, nous on veut parler de ça et pas forcément d’autres choses…

 

* Vous vous êtes souvent retrouvés face à des gens qui ne comprenaient pas Zombie Zombie ?

ÉJ : Comprenaient pas, pourquoi pas… mais qui restaient un peu accrochés aux reprises de John Carpenter, la musique de films d’horreur… Et du coup qui n’arrivent pas à aborder le nouvel album avec un angle neuf, c’est arrivé, ça arrive encore. Pour certains, la musique de Zombie Zombie ça ressemble à Jean-Michel Jarre, pour d’autres à Klaus Schulze, chacun ses références…

Mais peu importe, ça n’est pas un problème, le plus important est d’écouter et de comprendre au-delà de l’image véhiculée par les médias. Écouter le disque et en tirer quelque chose. Les journalistes ont de moins en moins de temps pour écouter, ou ils envoient des stagiaires, en tout cas, souvent, on les sent pris au dépourvu par ce disque.

 

* Ce qui est plutôt une bonne chose…

ÉJ : Oui, oui ! À terme… C’est quand même un peu dur à défendre parfois.

 

* C’est pour ça que vous n’avez pas joué de morceaux de Carpenter à votre concert parisien ?!

ÉJ : C’est une des raisons. C’est aussi parce qu’on a envie de défendre notre nouveau disque. On peut jouer tous les morceaux sur scène, ce qui n’était pas le cas avec notre premier album, on avait pris des options à l’enregistrement qui rendaient très difficile de faire les morceaux en live. Alors que là, on peut tous les faire, donc on en profite. On a envie de renouveau, d’aller de l’avant et d’arrêter de jouer les vieux morceaux…

CN : On les a beaucoup joués, et on a un nouveau membre dans le groupe, on a surtout travaillé les nouveaux morceaux avec le docteur Schönberg, qui fait la seconde batterie. Ça nous arrive de faire un Carpenter par-ci par-là et je comprends tout à fait que les gens aient envie d’écouter ces morceaux, c’est normal, on a été peu égoïstes là-dessus…

 

Zombie Zombie - rituels d'un nouveau monde

 

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