TAVU X MAGENTA

Les cartes, les territoires,
les potes, les spots

 

Olivier Ente dessine depuis trois ans, et il aime qu’on lui fasse des signes. Magenta vient aussi de fêter ses trois années d’existence. La fin d’un cycle, le début d’une nouvelle aventure ? Olivier avait déjà collaboré avec la marque française, pour une seule planche. Cette fois, il en dessine sept, dont le premier promodel de la recrue récente Ben Gore.

Un simple Bic noir, une carte, de la technique et beaucoup de patience sont les principaux ingrédients du travail de Tavu. En voici un peu plus sur le procédé, le message, la création, la créativité.

 

* Tu viens de réaliser une série de planches pour Magenta, c’est la première fois qu’ils délèguent à un artiste l’image de la marque. Il y avait un cahiers des charges précis ?

Il n’y avait pas vraiment de cahiers des charges. Il fallait seulement que les planches fonctionnent une par une, et que la série soit cohérente. Sachant qu’ils connaissaient déjà mon boulot, ils savaient pourquoi ils voulaient faire un truc avec moi, il savaient déjà à quoi ça allait ressembler.

 

* Quand et comment s’est initié ce projet ?

On est allés au Bright [Un salon de la glisse, en Allemagne – ndlr], en janvier 2013, avec Vivien [Feil, créateur et PDG de Magenta – ndlr] et Soy [Sourya Panday, graphiste de la marque, dandy & skater professionnel – ndlr], et on a commencé à parler de la suite de la première collaboration, de refaire un truc ensemble. En mars, ils m’ont proposé de faire une série complète. Et la deadline était le 20 avril. Pour faire 7 boards.

 

* À partir de là, tu commences à bosser…

Oui, et ça a été intensif. Il a fallu récupérer des portraits de tout le monde. J’ai commencé avec ceux que j’avais sous la main. Le premier dessin, ça a été Koishiro. Dans le même temps, Vivien et Jean [Feil, homme de l’ombre de Magenta, photographe attitré et mastermind – ndlr] m’ont envoyé les portraits des autres. Je voulais plusieurs photos pour avoir le choix… J’ai fini les dessins fin avril pour que ça sorte en novembre. Entre temps, il y a des histoires de pré-commandes et de production des planches.

 

tavu-serie

* Tu as fait beaucoup de recherches avant de dessiner ?

Je connaissais déjà un peu tout le monde, je n’ai pas vraiment fait de recherches. L’idée était d’avoir un rapport entre le skater et l’endroit où il a grandi et évolué. Zach n’habite plus vraiment à Washington, mais c’est de là qu’on le connaît. Vivien souhaitait son portrait sur une carte de Strasbourg, c’est ce qu’il souhaitait transmettre, même si aujourd’hui il vit à Bordeaux après plusieurs années à Paris. Strasbourg fait partie de lui.

Avec la carte et les personnages, je veux mettre en avant que l’environnement fait partie de la créativité. C’est le rapport qu’auront ces personnages avec la ville, là où ils ont grandi, qui m’intéresse. En plus, le skate te fera traverser la ville pour aller à la rencontre d’autres gens, pour partager. Ça correspond parfaitement aux riders Magenta qui ont une vision particulière de la ville, à travers la façon dont ils l’exploitent, la recherche de spots particuliers et comment ils les skateront.
* Comment tu as procédé concrètement pour chaque dessin ?

Pour commencer, sur un papier blanc, je reprends des éléments de la photo : les contours de base des épaules, du visage, et je retranscris ça sur la carte au crayon de bois.

 

* Tu décalques la photo ?

Non, non, non ! Je fais des repères, et ensuite j’utilise la photo que j’ai devant moi, sur l’écran de mon ordi… Je trace les contours au crayon de bois d’après un premier draft, comme ça je sais où sont les épaules par exemple, et avec un Bic, en regardant la photo sur l’ordi, je dessine la photo. Ensuite, je dois adapter. Les portraits ne sont pas tous de la même taille, ils sont réalisés en fonction de la carte.

La photo est très liée à la carte, et je choisis la photo qui s’intègre le mieux à la carte pour faire ressortir les détails, les parties colorées. J’aime que ça reste noir, avec la couleur en dessous. Dès le début j’avais l’idée que le bas de la planche soit blanc en dessous des épaules, qu’il y ait une coupure franche. Du coup, tous les portraits sont faits jusqu’au col.

 

soy_vivien_koishiro_magenta

* Ensuite, tu numérises tes dessins de quelle façon ?

Ça a été la grande première. Quand j’ai eu fini tous les dessins, je me suis rendu compte que ça ne serait pas facile de faire un fichier. Du coup, on a tout simplement fait des photos, avec mon pote Périg Morisse. Ça a été la mission, surtout au niveau des plis. Finalement, on a aplati les cartes à terre, et Périg a installé des flashs, pour atténuer les ombres des plis. On a passé les fichiers dans Photoshop pour vérifier que c’était bien net, et que les couleurs étaient fidèles, sans vraiment retoucher. On aurait pu faire en sorte que les traits du Bic soient très noirs, mais je voulais que l’on garde les propriétés du dessin.

Certains peuvent penser que ça n’est pas parfait, mais c’est ce que je veux montrer : un vrai dessin sur un vrai support. L’idée, c’est plutôt la transparence. J’aime l’idée de transparence, et le trait noir sur la carte. La couleur, c’est la carte qui l’amène. Et le portrait reste noir, en transparence, parce que la carte me semble plus importante. Finalement, je crois que c’est l’idée qui est importante, et pas tant le dessin en lui-même.

 

jimmy-zach_ben_magenta

 

* Quand tu as les photos, quelle est l’étape suivante ?

Je suis allé chez Soy, à Paris, qui fait les graphiques de la marque, et on a positionné les fichiers dans les templates [gabarits – ndlr] de planches. On a ajouté les noms des skaters, le logo Magenta… Sur les dessins, on a ajouté un peu de contraste pour faire ressortir le portrait, mais je voulais vraiment qu’on ait l’impression de dessin sur la planche, que tout ne soit pas parfait.

 

* Travailler avec des gens proches, pour un projet qui mêle deux de tes passions, ça n’est pas difficile ?

Non, ce sont des amis, je les connais depuis dix ans, et ce qu’ils font est au top. Du coup, partager ça avec eux est très gratifiant. Avoir la reconnaissance par des gens dont tu apprécies le travail, ça ne peut pas être mieux. En plus, je suis le premier à faire une série complète pour Magenta, ça fait chaud au cœur.

 

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