SEAN PRICE #archive #2007

Sean-Price

 

BROOKLYN VET

SEAN PRICE A DÉJÀ FRAPPÉ PLUSIEURS FOIS DANS LA FOURMILIÈRE DU HIP-HOP RICAIN. AUTEUR ENTRE AUTRE D’UN SUPERBE SOLO EN 2005, LE PUISSANT MONKEY BARZ, CE MEMBRE DU COMBO HELTAH SKELTAH CONTINUE AVEC JESUS PRICE SUPERSTAR, UN ALBUM INVITANT 9TH WONDER OU PF. CUTTIN À LA PRODUCTION, SMIF N WESSUN ET PHONTE DE LITTLE BROTHER AU MICRO, MAIS AUSSI SADAT X OU ENCORE BUCKSHOT DE BLACKMOON ET SON ASSOCIÉ ROCK.

RENCONTRE AVEC UN POIDS LOURD NEW-YORKAIS.

 

*Pourquoi avoir sorti un deuxième album solo avant de penser à la carrière de votre groupe Heltah Skeltah ?

En fait, j’ai fait Jesus Price  avant l’album de Boot Camp Click, et j’avais prévenu tout le monde que je voulais faire deux albums solos avant de replonger dans Heltah Skeltah. J’ai déjà déconné dans le passé avec Heltah Skeltah, j’ai déconné sur la sortie du dernier album. Là, j’avais envie de me concentrer sur deux solos solides, pour pouvoir ensuite redécoller avec Heltah Skeltah.

J’ai fait plein de conneries dans ma vie mais la plus grosse c’est peut être d’avoir un peu négligé mon groupe Heltah Skeltah mais j’étais un peu obligé. J’ai toujours eu des problèmes de tunes, on est dans l’underground depuis le début et je continue à ramer un peu encore aujourd’hui. Je bouffe dans le même snack je bouge un peu pour les concerts et les vacances et encore… Mais je ne me plains pas, j’ai pu payer des fringues à ma femme et mon gosse récemment et on mange bien, surtout moi ! (Rires.)

*Dans tes albums solos tu es plus virulent au niveau du vocabulaire, contrairement à ton rôle dans Heltah Skeltah ou tu es souvent plus métaphorique.

Je sais ! C’est exactement ça le truc. Je suis moi-même en solo, je suis un gars de la rue à la base, je ne suis pas un vampire qui a des yeux rouges et qui vit comme un dingue. Je suis pas un extraterrestre je suis un négro de la rue tu connais ? Mais j’aime bien les cauchemars et les métaphores ! Et c’est un projet superbe Heltah Skeltah !

Ce que je veux faire c’est continuer ma carrière solo en toute individualité et garder aussi Heltah Skeltah comme défouloir pour nos délires. Ça fonctionne bien pour l’instant.

 

 

*Tu dis que tu viens de la rue. Que s’est-il passé entre la sortie de Magnum Force et Monkey Barz, il semble que tu as passé un peu de temps en tôle ?

Comme je te le disais plus haut, j’ai eu un passage à vide et j’étais sans tune. Les gens me voyaient sortir des studios et pensaient que j’étais plein de tunes mais j’avais les poches vides et je faisais style que tout allait bien parce que j’avais pas envie de me faire chier avec des connards de merde. Je suis donc retourné faire du business dans la rue, j’étais à la ramasse. Je recommençais à faire des conneries pour gagner du blé rapidement, et un jour j’ai eu un déclic et je me suis dit qu’il fallait que je choisisse entre hustler et rappeur.

*Tu es considéré comme un sorte de vétéran dans le rap game, peux tu nous raconter une anecdote croustillante sur New-York, un dossier sur un mec célèbre que tu as fréquenté ? (Rires).

C’est totalement européen comme question ! Les Allemands me posent aussi des questions bizarres mais c’est bien ! Attends ! Je vais te parler de Q-Tip du groupe A Tribe Called Quest, tu connais bien sûr… Il est venu à Brooklyn il y a quelques années avec une belle voiture, une 4 x 4 toute flambant neuve, et moi je l’aime bien Tip, mais ce jour-là il se la jouait trop, et des potes à nous lui on dépouiller sa caisse, il avait les yeux mouillés… (Rires.)

Il était venu en 4 x 4 pour enregistrer un morceau ou pour voir je sais plus qui et il est reparti en taxi (Rires.). Mais c’est cool pour lui tout va bien.

*Tu es souvent sur Internet apparemment…

Je suis un véritable nerd, je mate tout le temps la télé et j’ai trois télécommandes à la main. C’est vrai que je passe bcp de temps devant mon ordinateur mais ça sert beaucoup pour plein de raisons, ca me permet de réécouter des prods tout en lisant les news et puis aussi continuer à m’éduquer. J’ai toujours accordé beaucoup d’importance à la culture et à l’éducation, même si les gens me prennent pour un gros bourrin… (Rires).

Et puis à un moment j’en avais ras le cul de devoir me battre dans la rue. Alors bien sûr je me suis pas fait allongé souvent mais quand tu sors 5 fois par jour et que tu te bats trois fois par jour tu te dis à un moment : « il faut que je reste chez moi et que je bosse, toutes ces conneries ne servent à rien ». Je préfère me battre avec les mots. Je lis beaucoup de bouquins. Mais je suis toujours prêt pour une bonne bagarre du samedi soir.

Pas plus tard qu’ y a trois semaines je me suis fait agressé par deux gamins avec un flingue, des jeunes du New-Jersey qui voulaient jouer les chauds. Je les ai étalés. Je suis pas du genre à m’endormir. Devant l’ordinateur je bouffe mes chips et je m’amuse. Dans la rue je rigole pas, j’éclaterais même un taureau ! (Rires.) Je suis né sur du béton (rires).

*Tu penses quoi de New-York en 2007 ?

C’est une ville qui a perdu pas mal de sa superbe car il y a eu pas mal de fuites de gens qui faisaient partie d’une grosse famille du hip-hop, des gens qui se barrent à Los Angeles par exemple ou a San Francisco parce qu’ici c’est devenu répressif et trop sombre. Mais le hip-hop reste ici. C’est le berceau ici, t’es toujours obligé de revenir à tes racines et les racines du rap c’est NYC. Mais en même temps, je suis ouvert et je considère que ce n’est pas d’où tu viens qui comptes mais ce que tu fais.

J’admire des artistes rap qui viennent de Canada, d’Allemagne, du Brésil, etc… New York c’est juste Sean Price le plus fort et j’ai une armée avec moi : Boot Camp Click !!! Sean Price Jesus Price Supastar.

[Un entretien retranscrit par Vladimir Agueev pour KIF.]