Ray Collett, l’ambianceur

Ray Collett

DAT RAY

 

Ray Collett, moitié du groupe Dat Politics – auteur de nombreuses galettes de haute gamme éditées chez Tigerbeat6, Sub Rosa ou encore Chick on Speed Record -, balance son deuxième album ambient. Le travail de Ray s’était déjà envolé très loin avec Atomic Spleen, une œuvre aujourd’hui sold-out en version K7.

Évoquant aussi bien une bande originale de long métrage que des instants de vie flottants entre deux espace-temps, Neuromantix, moins brutal que son prédécesseur, grise par son côté sombre et vaporeux, sa mélancolie accrocheuse et ses saveurs électro subtilement envahies par des harmonies feutrées et des synthés embrasés. Interview, album & mix exclusif.

 

*Quels sont tes synthés de prédilection ?

Je ne suis vraiment pas exclusif dans mes choix de synthés. Je compose avec les outils qui m’entourent à un moment précis. Pour mes albums, j’ai beaucoup utilisé le Prophet 5, le Korg MS10 et Casio CZ 5000. Tous les trois très anciens et défectueux.

*Quand et comment es-tu entré dans la musique ?

Très jeune, en improvisant des drones devant l’énorme ampli Marshall de mon frère. Ensuite les mini synthés Casio, un peu de piano puis plus sérieusement la batterie et les synthétiseurs. Complètement autodidacte avec les libertés et les limites que cela impose.

*Tu as fait une dizaine d’albums avec ton groupe Dat Politics, en quoi ce/un projet solo est différent ? Le format de tes albums sont très courts, il se sont fait d’une seule traite ?

Au fil des années j’ai accumulé beaucoup de mini morceaux assez informels que je pouvais parfois intégrer aux albums de Dat Politics, mais qui ne collaient pas toujours bien à l’esprit hyperactif du groupe. C’est assez libérateur de mettre la rythmique et le pitch de coté pour déverser son spleen dans des nappes de synthé. Même en utilisant des boites à rythmes, je peux sortir du format pop en installant mon propre timing et créer mes propres espaces.

En fait, la plupart des titres ont été composés à la même période mais les micro différences dans les ambiances m’ont poussé à les sortir séparément. Le son oscille entre mélancolie, euphorie et angoisse. Mais je suis un peu obsessionnel et c’est sûrement pour cela que j’opte souvent pour le format mini album. Cela me permet de resserrer le propos et de raconter une histoire mouvante mais cohérente.

*Pour quel réalisateur aimerais-tu faire une bande son ?

Probablement Cronenberg dans sa prime jeunesse qui représente pour moi la meilleure période de sa carrière. Ses films étaient à cette époque un mix parfait de psychanalyse déviante et d’esthétique cyber-organique futuriste.

 

Ray Collett & les synthés.

*Le synthé a-t-il sauvé la musique française des années 70 selon toi ? Tu serais plus Bernard Fèvre ou Jean-Michel Jarre ?

Oui je pense que la France a gagné en impact artistique grâce à la musique électronique des seventies. D’abord l’IRCAM/GRM puis l’explosion de l’electro pop avec Jarre, Jacno. J’ai évidemment grandi avec les disques Oxygène et Équinoxe ; et découvert plus tard les compositeurs hexagonaux plus obscurs comme Olivier Roy, Bernard Fèvre ou Didier Bocquet.

*L’extension multimédia, graphique et vidéo, c’est Mazza vision ?

Mazza Vision est notre projet plus visuel construit en collaboration avec Tachyons+. Nous avions simplement envie d’exploiter nos travaux graphiques dans le cadre de représentations live plus free. Cela nous permet d’intégrer des spoken words ou du data bending dans nos compositions.

*Pas de sortie physique, ni digitale, ça n’est pas dévaloriser ton travail que de le rendre accessible uniquement en streaming ?

Je serais très content de les sortir en vinyle sur un label, mais en même temps le format streaming a quelque chose d’immédiat qui correspond à ma façon de composer en solo. Je cumule rapidement des mélodies et des drones de synthé joués live et nous passons peu de temps sur la post-production.

J’aime l’aspect cyber-punk du partage sur le net. C’est un peu un work in progress avec une connexion directe à l’auditeur. On passe de l’intimité du home-studio à l’accès global sans intermédiaires. Pour le physique, j’édite quelques cassettes en nombre limité et le publisher s’occupe de la diffusion plus professionnelle.