Les chats persans, le film.

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Ce film est la bonne surprise de ce début d’année, ou de fin de l’année passée, au choix. Les tribulations d’un couple qui essaie de monter un groupe afin de pouvoir tourner à l’étranger, le tout prenant place en Iran, un pays où la musique est officielle et islamique, tout comme le régime. Un film qui aurait été tournée officieusement, et au vu des conséquences après sa sortie (le réalisateur et les deux acteurs principaux ont dû fuir le pays…), il semblerait que ce ne soit pas de tout repos d’être iranien. Ce qui frappe, c’est la volonté de ces jeunes à essayer, vouloir et tenter, ils cherchent constament des solutions, pour répeter, trouver des locaux, faire des concerts…

Petites magouilles et grands services sont au rendez-vous, amitié et serrage de coude sont les maîtres-mots de la réussite. Un film désopilant, parfois triste, qui présente un large panel de la création musicale à Téhéran. Chaque événement est prétexte à écouter un nouveau groupe qui répète dans une cave, ou tournent un clip dans un immeuble en construction, qui joue au milieu d’une grange entre bottes de paille et vaches tachetées. En Iran, faire de la musique c’est le parcours du combattant. On est loin d’Hadopi, et les droits d’auteurs sont peu respectés, par contre l’identité nationale est de mise, à savoir chanter en persan ou en anglais devient parfois un cas de conscience, on se pose des questions, on essaie, on voit ce que ça donne…

Le montage est rapide, saccadé, les images parfois cavalières, floues et d’un seul coup un plan incroyable apparait. On déambule et on subit la ville de Téhéran, une ville hors du temps, on traverse des lieux invraisemblables, on suit le parcours de ces deux jeunes empreints de liberté et de musique, dans un pays plein de contradictions. Entre une jeunnesse vivante et connectée, des anciens embourbés dans des traditions séculaires, sans oublier une police corrompue digne de Midnight Express, il y a de quoi s’y perdre. Vous saupoudrez le tout d’une bande son détonante, et ça donne un petit chef-d’oeuvre, un hymne au fameux DIY, puis vous fuyez votre pays pour l’avoir ébranlé à coup de rock et de rap…

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