clair, net, précis, tranchant

Renégat, le premier projet long du téléphone Arabe est disponible via Bandcamp. Un album homogène, à l’ambiance pesante, voire dérangeante, mis en son par Shaheed, sur des invectives d’Hicham. Un point de vue unique sur la société, un point de vue qui exclut la langue de bois. LTA décrit et dénonce, incrimine et revendique, décrypte et analyse, à l’aide d’une plume acérée, virulente. Ça égratigne, surtout au moment où le cerveau sélectionne l’information, et que l’on se sent pris pour cible. Pourtant, ces cibles sont clairement identifiées, multiples, multicolores, multiculturelles, et elles n’ont pas de religion. Par contre, l’Histoire, l’imaginaire collectif et la réalité sont mis à rude épreuve.

Un puzzle de mots, de pensées et d’aphorismes, Hicham revendique et dédicace ce que l’on appelle, parfois avec désuet, l’ancienne école. Celle qui a posé les fondations, les premières pierres. Ce sont EJM, Ministère Amer, Assassin, et autre Lionel D qui sont à l’honneur. Avec des phrases, des interludes et une contextualisation qui permettent de mieux comprendre cet opus.

Un album polémique qui s’inscrit dans une tradition contestataire, à un moment où le rap français se regarde le nombril et se mord la queue. Des morceaux qui ne passent pas inaperçus, savoureux et amers, indigestes et rugueux, comme ce moment où la pilule a du mal à passer.

Le Téléphone Arabe renoue avec une tradition, celle du rap polémique, tranchant et tranché. Ce rap qui portait l’étendard fier et haut, celui qui sacrifiait le poulet, celui d’Authentik, de Brigitte, celui qui était interdit aux bâtards.