Havoc maintenant

Havoc Mobb Deep Mixtape - from now on

L’autre partenaire

 

Havoc, du duo infamant Mobb Deep, continue le combat pendant que son partenaire Prodigy – Pee / P / P-E double – est à l’ombre pour avoir malencontreusement (trans)-porté des armes à feu, ou autres tribulations anecdotiques du ghetto, qui restent floues et pas vraiment racontables précisément. Havoc, donc, sort une mixtape en libre téléchargement avec plusieurs productions de qualités inégales.

Le sieur reprend donc le dessus, car éclipsé depuis un moment par la surproductivité et la ghetto-fam envahissante de Prodigy, ahhh le culte de la personnalité. L’ambiance est toujours sinistre, voire glauque, l’espoir n’est pas vraiment le fil rouge de cet album, et on retiendra surtout le titre Letter To P. Un marronnier du rap, qui a fait les choux gras de Lunatic, et qui témoigne de l’affection particulière de Havoc pour son comparse et leur aventure commune – no homo* – qui dure depuis près de vingt années. Un titre émouvant, un sample grandiloquent de chœurs féminins, il ne manque plus que le solo d’harmonica et Sergio Leone à la réalisation pour y voir un message clairement pessimiste.

Mais bon, c’est leur truc à Havoc et Prodigy, c’est larmoyant, thug et triste. Finalement P apparait quand même sur le douzième morceau, un couplet échappé de sa cellule ; Quelques beats plus tard, on retrouve le jeune de Boston qui monte, Termanology. Il est cordialement invité à poser quelques phases. Puis Raekwon fait un retour en force (depuis un moment déjà) sur une production de feu J-Dilla, en guise de conclusion, Ghostface et Rza s’acharnent sur un beat à l’ancienne, lent, répétitif et nostalgique. Des titres qui plairont aux aficionados, du rap de New York, du Hip-Hop du Queens, ponctué de N-word et de slang incompréhensible. Havoc s’adapte et roule en solo, on aime.

*no homo est une interjection du rap. La légende urbaine commencerait à partir d’une phrase de Cam’Ron, simple, efficace et ambiguë : « j’aime m’habiller en rose, euh… No homo ! », car oui, il faut bien l’avouer il y a quelques années, avant que les Fluokids envahissent la Blogosphère (qu’est-ce que je raconte là ?!), s’habiller en rose, ou figurer en couverture de son album torse nu avec un petit tablier et un énorme marteau pouvait prêter à confusion (étonnant, non ? comme l’aurait souligné M. Cyclopède), donc il était parfois nécessaire de (sou)-lever le doute.

En France, c’est dans la bouche (je crois, je spécule, je devine…) de Tekilatex – de TTC – que cette expression a pris forme, ainsi il prenait de l’avance (comme souvent…) et on n’a pu entendre des « Lio sera sur mon album, mais no homo… », « Gonzales produira mon album, mais no homo… », « Cuizinier est mon cousin, mais no homo… » ou encore « je ne sais pas mixer, je passe seulement des disques, mais no homo… ».

N’y voyez pas un dédouanement systématique, ou alors une homophobie non-assumée, c’est uniquement un gimmick, une accroche, un exergue  que l’on prononce pour conclure ou demander l’acquiescement. Des étude sérieuses et des gens compétents se sont penchés sur ces deux mots, pour en tirer des conclusions moins hâtives, plus cérébrales.

une analyse sérieuse ici.

libre téléchargement

 

Havoc Mobb Deep Mixtape - from now on