Chromeo, la conversation #archive

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Family affair

 

Année 2004. David et Patrick sont québécois, à fond de Hip-Hop et jouent un Funk délirant et complètement suranné. Ils viennent de sortir leur premier album, She’s In Control, en tant que Chromeo. Pour vous situer un peu plus le contexte, David est aussi connu en tant que Dave One du groupe Obscure Disorder et il est le grand frère de A-Trak, le prodige des platines.

 

* Citez-moi 5 disques qui vous sont indispensables ?

Pat ‘P-Thugg’ : Safe & Sound de DJ QUIK ; Juste parce que c’est bon, c’est du funk moderne et il joue de la talk-box… c’est Dj Quik !
Dave One : c’est notre héros, notre plus grande influence c’est lui… on rêve de le rencontrer !

P : JODECI, The Show, The After Party, The Hotel… C’est un album classique que l’on écoutait à fond quand on était plus jeune, c’était le disque de tout un été, on l’écoutait au moins cinq fois par jours !

David : Ça aussi, c’est un album de funk moderne… notre album, c’est notre version de l’album de JODECI, on est des ‘wannabe Jodeci’ !

 

* Vous le vivez bien ?

D : On essaie !…  (à son collègue) dis des trucs genre phat ! des albums que l’on écoute tous le temps dans le char…

P : L’album de Phoenix, c’est un des seuls groupes contemporains dont on est fan…

D : Les best of de Cameo, énorme influence… Non-Phixion ce sont nos amis ! J’ai d’ailleurs produit un titre de leur album The Future Is Now, ‘Cult Leader‘. C’est un classique !

 

*C’est la connexion avec Obscure Disorder !

D : Oui, et tu sais que c’est moi qui produisait ce groupe !

 

* Ah ok !

D : Oui, ce sont nos amis, on traîne avec eux !

 

* C’est marrant, j’étais allé chez Necro a Brooklyn, et il m’a dit : « dépêche-toi de faire l’interview, y’a Les Sporanos qui va commencer ! »

D : (Rires/il imite Necro) « You’ve got to hurry, i have to watch the Sopranos ! » Oh shit ! sinon NON-PHIXION sont des fans de Chromeo !

 

* Vous les connaissez depuis quand ?

D : Depuis 1998, j’avais fait 2004 avec Obscure Disorder et ils étaient venus à Montréal chiller avec nous. Tout ce qui est Obscure Disorder et Audio-Research, c’est moi qui aie produit…

 

* Citez-moi 5 villes…

D : Si on fait de grandes villes ce sera toujours les mêmes, donc on va parler de nos banlieues préférées… numéro 1 : Brossard ! (en chœur), c’est de là que Pat vient…

P : C’est phat ! B-Town…

D : C’est là que l’on a fait tout l’album de Chromeo dans le sous-sol des parents de Pat…

 

* Donc grosse influence de B-Town…

D : Énorme ! Le fait que tu doives prendre l’auto pour aller chercher de la bouffe ou la moindre boisson, on était affamé en faisant l’album ! Il y avait pénurie dans la maison et on avait la flemme de sortir, c’est pour ça que l’album a cette intensité… il n’y a pas de trottoirs à B-Town, donc tu ne peux même pas marcher… Numéro 2 : Granby, on avait un show de rap avec Obscure Disorder. Tu fais un concert de rap là-bas, c’est des émeutes de joie !

P : Ils ont des chansons de fou, pendant qu’on rap ils montent sur la scène  avec du whisky !

 

* Ils connaissent toutes les chansons par cœur ?

D : Non, ils les apprennent pendant que tu les fais et ils chantent avec toi ! Ils ne connaissent rien, mais ils sont tellement assoiffées, qu’ils apprennent la chanson en deux minutes, c’est fou ! Il y a une synergie incroyable, tu fais un show là-bas, tu penses que tu es le pape ! Numéro 3 : Sherbrooke, ça c’est pour les Hells ! je ne sais pas si tu es au courant mais au Québec, il y a des gangs de motards qui contrôle tout ! les boites, les drogues…

P : Il y a des collines qui leur appartiennent, ils ont des clôtures et même les policiers ne peuvent pas enter…

D : Ils ont leur plan ‘pot’, ils font pousser tout le weed du Québec, et Sherbrooke c’est leur QG, je pense qu’ils vont aimer Chromeo, quelques chansons un peu rock, ils sont un peu Bon Jovi quand même…

P : Trois Rivières…

D : Trois Rivières… c’est phat ! Quand on avait 16 ans Pat et moi on avait un groupe de funk, et mon frère avait lui 12 ans, on jouait dans une boite et lui scratchait, on le faisait rentrer en cachette… mais les policiers étaient arrivés.

P : Tous les jeunes étaient en bas de 18 ans, ils ont donc virés tout le monde. Les jeunes sont sortis et sont revenus deux fois plus, et ont forcé l’entrée ! Ils ont commencé à se battre ! C’étaient comme dans les saloons de western ! il y avait des chaises qui volaient ! Le drummer ne voyait plus rien mais il continuait à jouer !

D : Un détail intéressant : un habitant de Trois Rivières s’appelle un Trifluvien… Troisième ville, Montréal, c’est notre ville, La Mecque !

P : Le dernier show que l’on a fait, c’était phat !

D : Tous nos amis étaient là et ça a été un choc pour eux de nous voir avec des instruments, ils sont habitués à nous voir faire du rap, donc ils ont été un peu choqués de nous voir chanter des chansons d’amour !

 

* 5 hits…

P : Zapp More Bounce ! ça fait au moins dix ans que j’écoute ce titre au moins une fois par jour…

 

* Tu te souviens de la première fois que tu l’as entendu ?

P : Ouais je suis devenu fou !

D : Moi j’ai trouvé ça wack la première fois ! Je ne comprenais pas !

P : J’ai écouté du rap très tôt, je connaissais EPMD, donc quand j’ai entendu l’original, j’ai tilté et j’ai de suite préféré ce titre…

D : Sinon, il y a aussi Sussudio de Phil Collins…

 

* Ah oui, ODB a repris ça…

D : Quoi ! Odb a repris Sussudio ? wah wah… Nous on est des super fans de Phil Collins, personne ne nous prend au sérieux quand on dit ça, mais c’est vrai…

P : In The Air Tonight, c’est un classique…

D : Sussudio en soirée ça tue ! Pour le suivant je dirais The Jets, ‘Rock It Do You’, c’est phat ! C’est un morceau que l’on aime jouer… Ce sont des samoans, comme Boo Ya Tribe, ils font tous quatre pieds, ils sont huit dans le groupe avec des meufs et des garçons, un groupe de freestyle des années 80, trop phat ! sinon on dira aussi HallL & Oats, ‘I Can’t Go For That’, une énorme influence ! On veut être les prochains Hall & Oats, ils sont trop phat ! De La SolL les a samplés pour ‘Say No Go’ ! C’est un classique, trop phat !

P : Il en manque un…

D : Rick James ! on adore, il est phat ! C’est pour ça que l’on aime R-Kelly car c’est le prochain Rick James… Pour moi, tout le catalogue de R-Kelly c’est phat ! Ses chansons sont phat !

P : Mary Jane ou Sexy Fame

D : Actually, je dirai Eddy Murphy, Party All The Time, car c’est Rick James qui a écrit et produit le morceau et ça c’est phat ! Les paroles sont folles, les textes incroyables…

 

* 5 films…

D : Moi c’est des films intello, c’est prétentieux à mort ! Bon, je vais te dire un bon film que l’on a adoré ensemble, Les Liaisons Dangereuses… Pat a adoré ! Moi je bossais sur le livre et je devais faire un travail sur le film… ça a été une bonne dose de culture je pense…

P : C’est rare d’ailleurs car tous les autres films qu’il m’a montré… comme le piano…

D : Ah oui, La Pianiste ! là, c’est une bonne anecdote, on était allé le voir avec mon frère, ma copine, Pat et moi. Pat s’est endormi au début du film, quand tout commence bien et que ça a l’air normal, et il s’est réveillé quand elle est en train de se faire des lacérations, genre il ne comprenait rien ! Je crois que tu en es sorti traumatisé quand même ?… Sinon, en troisième film je dirai Starsky & Hutch, ça parle de nous, moi je suis trop comme Ben Stiller, et Pat est identique à Owen Wilson ! on a la même dynamique !

P : Genre je m’énerve pour tout et lui s’en fout !

D : Sinon Scarface évidemment, quand tu es zoulou, tu es obligé de connaître Scarface par cœur… ça c’est classique !

 

* Vous trouvez que ça a vieilli ?

D : Non, d’ailleurs dans tous les albums rap ils continuent à le mettre ! Mon père, qui est un peu cinéphile intello, a trouvé Scarface nul, pour lui c’est exagéré, outrancier, sans finesse ; et je crois que le fait que ça ait été samplé, échantillonné et approprié par une culture populaire, c’est aujourd’hui que l’on peut comprendre ce film. Je crois que ça a été fait un peu comme une parodie à l’époque, avec un peu de détachement et je crois que qu’aujourd’hui tu peux l’apprécier avec le grain de sel qui est nécessaire… Je pense au contraire que ça a particulièrement bien mûri…

P : Boyz In The Hood, c’est un des films de ma jeunesse…

D : Oh ouais, t’es fou, c’est trop Phat ! Je l’avais regardé avec mes parents, mon père ne savait même pas ce que voulait dire Homie !

P : Je me souviens que l’on était allé au cinéma avec mes amis, et c’était le délire car on n’avait jamais vu de film comme ça avant ! La salle était remplie de Hip-Hoppers, ça ne c’était jamais vu ! jamais à Montréal !