BIZZY BONE #interview #archive

bizzybone

Os de légende

 

2008. Loin de l’univers de Bone Thugs-n-Harmony, Bizzy Bone converge en solo depuis plusieurs années maintenant. D’ailleurs, il n’a pas participé à l’album Strength & Loyalty.

De son côté, il sort Ruthless chez Siccness Records, le rappeur y vaporise rimes fiévreuses et beats rugueux produits par Cricet, Batkave, Dave Moss et Steve Vicious, avec pour seuls invités Layzie Bone, Pitbull et Rick Ross. Interview.

 

*Comment as-tu eu Rick Ross et Pitbull sur ton album ?

Je voulais vraiment mettre du matériel lourd dessus, alors j’ai tout fait pour attirer quelques gros gars comme Pit et Ross parce qu’ils connaissent mon boulot et ce que j’ai fait quand j’étais à fond dans Bone Thugs-n-Harmony. Je suis une sorte de jeune vétéran pour eux alors c’était un bon travail d’équipe qu’on a fait ensemble, assez facilement.

Je suis vraiment satisfait de ces deux artistes, parce qu’ils ne sont pas venus dans l’intention de foutre deux couplets et prendre leur chèque. J’ai toujours une bonne connexion avec Ross et nous continuerons surement à bosser ensemble, si Dieu le veut. Ross et Pitbull sont des poids lourds de cette industrie et c’est une bonne chose pour l’album d’être avec eux, et c’est pas fait pour l’or ou une merde de ce genre.

Ça a été fait comme ça parce qu’on se connait et qu’on apprécie le bon boulot. Ross est dur à trouver, ainsi que Pit, mais ils ont répondu vite à mes appels. Ils ont tous les deux demandé quelles étaient mes conditions et comment et quand allait sortir cet album.

 

*Pour tes fans de longue date qui te connaissent depuis le premier Bone Thugs, qu’est-ce que tu leur dirais à propos de Ruthless ?

En tant que serviteur de Jésus Christ et esclave d’Allah, j’ai fait de mon mieux pour poser un bon matériel sur la table. Il y a beaucoup d’énergie pure dans cet album, et je ne parle pas qu’en mon nom, je parle aussi de tout ceux qui se sont investis dans ce rap jeu ; toutes ces choses très spirituelles mais en même temps vraiment essentielles pour moi. Je sais qu’il y a plein de rumeurs concernant mon départ de Bone Thugs, mais, tu sais, tout doit bouger et particulièrement depuis que les gens ont commencé à reparlé d’une possible réunion de Bone Thugs.

Mais tu sais, la presse parle de nous seulement parce que Krayzie et moi on a eu des petits beefs la dernière fois qu’on s’est vus, et maintenant on fait tous des albums solos. Mais je ne suis pas en colère contre Bone Thugs… Le travail que j’ai fait avec Bone Thugs est rentré dans l’histoire du rap comme une bénédiction pour moi. Je suis si fier des efforts que j’ai fait dans le passé que je ne veux pas ruiner tout ça maintenant, juste pour avoir un peu d’argent d’une grosse major. Je ne suis pas dans cette merde là, parce que j’ai jamais été dans cette merde là et je ne serai jamais dans cette merde là.

Indépendant c’est un mot que j’aime énormément. J’ai grandi dans un environnement sauvage et quand j’ai réalisé que l’or qu’on a fait était pur, je ne voulais pas faire de l’argent avec mon crew. Je ne voulais pas rentrer dans le wagon du groupe, comme les gens me disant de porter tels ou tels habits, ou d’être en rotation permanente sur MTV ou BET, juste parce qu’on a une réputation de grand groupe. J’étais intéressé par les lyrics, les mots, les beats. Mais mon monde maintenant semble être loin des majors et des gens qui entourent l’industrie comme les requins, attendant leur retour. Je ne suis pas pour creuser le passé.

 

*Bizzy Bone et Bone Thugs ont fortement influencé le hip-hop. Est-ce que tu penses que tu as reçu tout le crédit qui est dû à ton crew ?

Bone Thugs-n-Harmony a vendu plus de 30 millions de disques dans le monde et tout le monde que tu peux croiser dans le monde du rap, de France et d’Espagne, jusqu’aux USA, de l’Allemagne jusqu’en Chine, ils aiment tous Bone Thugs. J’ai de profonds souvenirs de nombreux fans en Grande-Bretagne, en Espagne, aux Pays-Bas, en Thaïlande, etc. Et c’est de ça dont il s’agit.

Le public s’élargit encore aujourd’hui, alors qu’on sort des albums solos. Les gens connaissent toujours Bone Thugs. C’est vraiment un bon conte venant des donjons du rap, des taudis, du ghetto, de la rage. Et c’est toujours là, dans mes derniers albums…

Mais, je suis vraiment dans un esprit de nouveaux commencements, de nouveaux départs. Je ne suis pas du genre « Donnez moi du respect. J’ai gagné mon respect parce que je suis de ce groupe appelé Bone Thugs. » Je ne regarde vraiment pas le passé parce que c’est fini, tu sais ?

 

*Tu étais jeune quand tu as rencontré Eazy-E. Peux-tu nous parler de cette rencontre ?

Bien, Eric, hum… A chaque interview, je le répète, je n’aime pas l’appeler Eazy-E, tu sais. Il est mort en tant que père, en tant que jeune entrepreneur noir, et il est mort en ayant une nouvelle vision du rap jeu. Parfois je me demande pourquoi il n’y a pas des gros films à son sujet ou à propos de son histoire, parce que tu sais, il est passé par beaucoup de choses que personne d’entre nous n’a fait dans le rap.

Je n’ai pas vraiment admis sa mort quand j’étais plus jeune, je pouvais imaginer être encerclé par son esprit, et ce n’était pas vraiment bon pour mon esprit à moi, alors je me suis retourné vers Dieu, pour partir loin de la souffrance que je ressentais. Eric Wright était un exemple pour moi, ainsi qu’un mentor pour mon entourage, et j’ai toujours des difficultés à parler du passé, parce que, c’est toujours frais. Même en 2008, beaucoup de jeunes rappeurs sont inspirés par sa vision et sa carrière, autant qu’ils le sont par celles de Biggie et Tupac.

C’est la vie. Je ne peux pas me préoccuper du passé et je suis reconnaissant d’avoir survécu à ces temps-là, d’avoir pu évoluer vers ce que je suis maintenant.

 

*Qu’est-ce qui se passe avec Bone Thugs N Harmony en 2008 ?

Aussi loin que je sois concerné, je pense que chacun saute dans une zone de création différente. La dernière fois qu’on s’est vus, personne n’a vraiment compris mon contenu lyrical, comme si j’étais un paria rugueux avec une approche débile, mais je ne les blâme pas. Aussi je leur ai dit que j’étais plus dans un autre monde et que je voulais approfondir, dans cette autre direction. Et, de plus, je ne voulais pas ralentir mes frères. Alors, ils sont allés de l’avant dans leurs vies, et moi dans la mienne. Ce n’est donc pas vraiment une séparation.

C’est juste comme ça parce que l’industrie était si habituée à l’univers de Bone Thugs, fait de disques d’or et de platine, que les gens voulaient voir ça encore et encore. Mais tu sais, ce n’est que de l’amour, je ne suis pas furieux envers mes gens, je ne peux juste pas dire que l’épisode de ma vie n’est pas une relation à sens unique avec le rap, une voix à sens unique avec la musique, juste avec le logo de Bone Thugs ‘n’ Harmony. Pour mon nouvel album, je ne suis encadré que par deux gros featurings avec Pitbull et Rick Ross, plus ma dédicace à Layzie Bone, et tout est vrai !!!

Mais savais-tu que tous mes gens de Bone Thugs étaient nés à Cleveland, et moi je suis de Columbus… J’ai été contacté par le reste du crew pour l’album Strength & Loyalty, mais j’ai refusé l’offre. Je ne suis pas intéressé par faire de la musique avec Mariah Carey à ma droite et Akon à ma gauche (rires). Aujourd’hui, tout le monde veut un featuring avec T-Pain ou Akon, ou un featuring R&B sur son album. Je ne veux aucune de ces merdes. Mais je ne suis pas un haineux. J’ai seulement de l’amour pour mon crew. Ce sont mes gars pour toujours.

 

*Tu dis que ce n’est que de l’amour mais ta chanson Fucc the world, qui est sur ton dernier album Ruthless, est pleine de rage. On dirait que tu es toujours encerclé par les démons ?

Cette chanson a été faite dans un état d’esprit « rien à foutre attitude » que j’ai toujours suivi. Nous sommes tous encerclés par des démons fous mais certains ne savent juste pas comment se purger de ces choses, ou simplement ils veulent ignorer leurs démons, et je ne veux pas faire ça, parce que je sais qu’un jour ils casseront tout. Alors j’ai essayé de me battre durement contre ces choses-là. Les démons sont les drogues, le sexe et la guerre, parmi tant d’autres choses…

Les démons dont tu parles ne sont pas les mêmes démons dont je parle. Mais c’est la vérité. Ces démons dont tu parles sont partout, autour de toi et moi.

 

Propos recueillis par Djama Kotva & Josey Wales. / Traduction : Nemanja